Times of the signS
TIMES OF THE SIGNS
Communication and Information : A Visual analysis of new urban spaces
[Graphisme : Les Produits de l’épicerie]
Birkhäuser, 460 p., 2000 images + textes, DVD inclus, septembre 2007. [Tout en anglais]
Times of the signS est le nom d’une enquête explorant la nature et la portée de la brusque transformation contemporaine de nos rapports au texte et aux signes, notamment induite par l’extension conjointe du numérique et des réseaux de télécommunication. L’entreprise dresse des analyses, des typologies, des hypothèses, et projette des propositions formelles, relativement au phénomène majeur de la démultiplication des cadres d’inscription et de visibilité de l’écrit dans la culture actuelle. La première phase de ce projet a été réalisée dans le cadre d’une résidence à la Villa Kujoyama (Kyoto, Japon), et a opéré une focalisation sur l’espace urbain japonais, envisagé comme un noyau privilégié de densité de diffusion des signes, à l’intérieur de modalités multiples : signalétique – écrans géants – téléphones portables – panneaux électroniques – enseignes – bornes interactives – voix de synthèse…
Un phénomène marquant, particulièrement sensible dans la ville nippone, est celui de la persistance – plus encore de la prolifération – de l’économie de l’imprimé (journaux, magazines, livres, formulaires, flyers, affiches…). Il se confirme le fait majeur que contrairement à ce qu’on pouvait supposer, le numérique ne se substitue pas à l’imprimé, mais s’étend en parallèle, selon des logiques d’amplification de la diffusion des signes, et de jeux d’entrecroisements de plus en plus fréquents entre régimes "high-tech" et "low-tech", suivant des principes non réductibles à des structures binaires mais qui se développent d’après des configurations sans cesse complexifiées. Les espaces urbains d’autres villes asiatiques, européennes, américaines ont constitué les territoires de prolongement de ces études.
Les recherches menées par le projet Times of the signS revêtent des formalisations multiples – conformément à une méthodologie en adéquation avec l’objet de son observation. L’objet prioritaire consiste en cet ouvrage, qui déploie quantité de "micro-analyses" sous forme de photographies et de légendes qui s’efforcent de s’arrêter sur la singularité de cas de figure particuliers, et qui comprend encore des textes théoriques qui cherchent à examiner plus largement la nature et la portée des mutations qui bouleversent de part en part les conditions contemporaines de l’écrit. L’enquête a également pris la forme d’un film (présenté dans le DVD), qui sillonne avec les moyens de l’image en mouvement, au sein de la multiplicité et de la densité de notre environnement informationnel. La vidéo a été exposée sous forme d’installation dans de nombreuses galeries et centres d’art. C’est encore un projet d’exposition articulant projections d’images, de textes, élaboration de dispositifs sonores et vidéo… Ce sont enfin des conférences – conçues comme un journal toujours en cours de développement, étudiant les structures des entrelacements entre signes et urbanité contemporaine – construites selon des entrecroisements entre discours, textes, présentation d’images photographiques...
Le projet s’attache à observer et à analyser l’hétérogénéité des modalités d’inscription et d’exposition de l’écrit – souvent entrelacées à l’image fixe ou animée –, et leurs incidences sur les structures comportementales, cognitives, relationnelles, sociales, urbaines et culturelles. Ce programme se constitue comme une laboratoire de recherche explorant les conditions contemporaines de nos rapports à l’information, formalisée ici à l’intérieur d’un dispositif inscrit dans le cadre spécifique d’un objet imprimé. L’ensemble est conçu comme une architecture jouant de plusieurs régimes, à la dimension à la fois littéraire et artistique, anthropologique et sémiologique.
Article paru dans la revue anglaise d’architecture et de design ICON EYE [#54, déc 07], écrit par William Wiles
Have the urban environments of the Far East reached the point of visual saturation yet? They must be close to it by now, as billboards, giant screens, televisions and other advertising media proliferate and compete for attention. Alongside that, city-dwellers can and do access more information in a greater variety of ways – printed matter, mobile phones, PDAs, laptops, internet cafes, SatNav, seat-back screens in cars, trains and planes. But saturation, although perennially close, never seems to be reached, and new spaces for screens and advertising are always found. For a European, this environment is additionally overwhelming because the information cannot be understood – the Japanese or Mandarin text leaves us illiterate and alienated.
But we are also ideally placed to view this 21st-century streetscape free from the distractions of meaning and message, purely as an abstract and arbitrary arrangement of images and textual forms. This is what Eric Sadin has done, and what a profoundly rewarding field for study he’s picked. He has gathered together more than 2,000 photographs that catalogue the dazzling variety of ways information is presented and accessed in cities. The study is global, but focuses on Japan and the Far East, where visual saturation is closest. It is broken into themes – Giant Screens, Flyers, Signage, Information Facades and so on – but of course these overlap and intermingle. Sadin has an excellent eye for interesting juxtapositions and particularly baffling combinations of signage, but the images are there in support of a thesis laid out in the extraordinarily detailed and thoughtful text. He attempts to subject the streetscape to literary analysis.
Literary readings of advertising slogans and the other banal texts of the street have been made before – a fact that Sadin acknowledges, citing Eugenio Miccini’s Lotta Poetica of 1965, in which the author exhorts poets to listen to the radio and read road signs and brochures to fully understand their art. Sadin is, however, not interested in the meaning of the text, which in most cases we cannot read anyway. He is interested in the layering and superposition of text, and the combined force of the dizzyingly diverse streetscape and the expanding means of individual and collective reading.
For Sadin, the “gigantic mutations modifying our relationship with the written word” in this new full-spectrum panorama of data present new opportunities, media, tools and techniques to the practice of writing. The domain of the word has been considerably enlarged, he writes, and meanwhile it is being used in new ways alongside images, the built environment and other text. All of this results in a beautiful book, an indispensable guide to the written universe of the near future. It will be useful to architects, graphic designers, urbanists, writers and interested city-dwellers alike. Times of the Signs would be worth buying as a purely pictorial survey, but the text makes it a stunning achievement. It is a difficult read – Sadin’s writing dispenses with accessibility in favour of precision and depth – but continually rewarding. To finish it is to want to start it again.