"Le manifeste prophétique d’Éric Sadin" / Le Figaro / 30/10/25
«Le Désert de nous-mêmes s’inscrit quelque part dans une filiation critique de la postmodernité, qui passe par La France contre les robots, de Georges Bernanos, ou La Société du spectacle, de Guy Debord. (…)
Éric Sadin convoque, sur le banc ces accusés, trois figures indissociables – les politiques, les ingénieurs et les économistes – qui ont, en comité réduit, contribué à ériger ce modèle systémique. Si ces décideurs ont un tableau Excel à la place du coeur, "l’élan vital des êtres" ne saurait prospérer dans le corset de la prédictibilité. Le philosophe fait alors de son propos un réquisitoire implacable contre l’illusion glacée et glaçante d’un "monde dénué de tout accroc." (…)
Éric Sadin fustige les "idiots utiles, et très enthousiastes, du renoncement de nous-mêmes". Complices de notre finitude, traîtres à notre grandeur, nous méritons peut-être d’habiter notre propre désert. (…) Face au "fondamentalisme de l’IA", l’auteur nous invite à nous élever en conservateur du vivant ; à défendre la fêlure, à sauvegarder les aléas que le pragmatisme moderne s’évertue à éradiquer, à sauver les gravats d’âme qui survivent en nous.»
Elea Cauvin, « "L’IA va nous réduire en esclavage" : le manifeste prophétique d’Éric Sadin», Le Figaro, le 30 octobre 2025.