TOKYO / ARTICLES

2005

TOKYO / ARTICLES [Sélection]   

PASCALE DULON / TROIS COULEURS #40, FÉV 06

On pourrait dire de Sadin ce que dit Barthes de l’auteur dans L’Empire des signes : "le Japon l’a étoilé d’éclairs…, l’a mis en situation d’écriture". Lisant ce livre singulier et fascinant, sorte de déambulaltion dans Tokyo, on est pris par l’enchaînement des mots, des messages, des images, des logos que l’auteur manipule avec brio, jouant ainsi avec l’espace et la forme du livre. En jaillit une Tokyo paradoxalement immédiate et virtuelle.

J. PERRIER / TECKNIKART NOV 2005

Obnubilé par les signes, le Japon, et les médias, Éric Sadin situe son travail expérimental au cœur de l’écrit et des nouveaux supports technologiques, entre Oulipo, art contemporain et poésie d’avant-garde. Vision panoptique et cognitive de Tokyo. L’homme, impersonnel, traverse cet univers ultramoderne dans une mosaïque continue d’informations, de flashs, de marques, jusqu’à saturation : "[on se parle à demi-mots on déconnecte]". L’immersion dans le flux sensitif est d’autant plus remarquable que le lyrisme s’immisce dans l’abondance.

FABRICE GABRIEL / LES INROCKUPTIBLES 19/10/05

Depuis L’Empire des signes de Roland Barthes en 1970, le Japon est devenu une sorte de "lieu commun" de toutes les expérimentations formelles, plastiques ou poétiques : un territoire, au sens strict, où s’éprouve la combinaison de l’avant-garde et des traditions les plus anciennes, dans un court-circuit – presque toujours – fascinant. C’est de cette espèce de concentration magnétique que rend compte le beau livre d’Eric Sadin, Tokyo, dont on peut dire qu’il saisit l’essence d’une à travers ses éclats, flashs de lumière et multiples inscriptions… Voilà un carnet de voyage où les croquis seraient d’abord des mots, des noms, des marques, tout au long d’une déambulation qui se joue des usages typographiques et de la pagination usuelle pour créer son propre espace, étrange mais accueillant, et parfois même confortable.
On pourrait assez volontiers rapporter ce texte à de la poésie ou à l’art du collage, le ranger peut-être dans le catalogue d’une "modernité" devenue franchement institutionnelle. Ce serait omettre ce qu’il a de spécifiquement narratif, et aussi d’un peu mystérieux : le "on" indéfini mais obsédant qui promène son regard de séquence en séquence, accrochant des bribes de messages et des centaines d’images, de logos, de mangas, n’est-il pas le pronom postiche de tous les personnages possibles ? Tokyo peut se lire alors comme une drôle de fiction virtuelle et voyageuse, rythmée par les nouvelles récurrentes de matchs de football plutôt rassurants, puisque au milieu des idéogrammes on reconnaît Zidane ou Barthez – le presque homonyme du sémiologue des seventies, dont le premier fragment japonais s’intitulait "Là-bas". Ce pourrait être une autre façon de dire "Tokyo", et une invitation à découvrir ensemble l’ailleurs et l’aujourd’hui.